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de livrer bataille. Ce qui mit encore beaucoup de confusion dans l’armée, ce fut la multitude des chefs. Auparavant, et pour des guerres bien moins importantes, les Romains avaient souvent nommé un magistrat unique, qu’ils appellent dictateur. Ils savaient de quelle conséquence il est, dans des conjonctures périlleuses, de n’avoir qu’un même esprit, d’obéir à un seul chef revêtu d’un pouvoir suprême, et qui puisse contenir tout par son autorité. Mais rien ne leur fit plus de tort dans cette occasion que leur ingratitude envers Camille : elle avait montré aux généraux tout ce qu’ils auraient à craindre quand ils ne voudraient pas flatter le peuple et lui complaire. XXII. Les Romains s’avancèrent jusqu’à quatre-vingt-dix stades de la ville, et campèrent sur les bords du fleuve Allia, près de son embouchure dans le Tibre. Chargés avec vigueur par les Barbares, ils se défendirent lâchement, et dans le désordre où était leur armée, elle fut bientôt mise en déroute. Dès le premier choc, les Gaulois poussèrent l’aile gauche jusque dans le fleuve, et en firent un grand carnage ; la droite, qui, pour éviter la première impétuosité des Barbares, avait gagné les hauteurs, fut moins maltraitée ; le plus