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un seul le quitter pour passer du côté des vainqueurs, ou chercher à se sauver lors même qu'il voyait son général désespérer de son salut : assemblés devant sa porte, ils l'appelaient toujours leur empereur ; et quand il sortait, ils tombaient à ses genoux, lui tendaient les mains en poussant des cris, et le conjurant avec larmes de ne pas les abandonner, de ne pas les livrer à leurs ennemis, mais de les employer à tout ce qu'il voudrait tant qu'il leur resterait un souffle de vie. Ils lui faisaient tous la même prière ; et un simple soldat tirant son épée « César, lui dit-il, sachez que tous mes compagnons sont aussi résolus que moi à mourir pour vous. » En disant ces mots, il se tua devant lui.

Mais rien ne put fléchir Othon après avoir jeté ses regards autour de lui avec un air assuré et un visage riant : « Mes compagnons, leur dit-il, les dispositions dans lesquelles je vous vois, et les témoignages touchants de votre affection, rendent cette journée bien plus heureuse pour moi que celle où vous m'élevâtes à l'empire ; mais ne me refusez pas une marque d'intérêt plus grande encore, celle de me laisser mourir honorablement pour tant de braves citoyens. Si je fus digne de l'empire romain, je ne dois pas