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que, sans combat et sans effort, les affaires se décideraient d'elles-mêmes ; mais ce fut la crainte de ce dénouement qui porta Othon à presser la bataille.

10. Il s'en retourna sur-le-champ à Brexelles et cette retraite fut une grande faute de sa part, en ce qu'elle ôta à ses troupes la honte et l'émulation que sa présence leur eût inspirées ; en second lieu, parce que emmenant avec lui, pour sa garde, les meilleurs et les plus zélés des cavaliers et des gens de pied, il coupa, pour ainsi dire, le nerf de son armée. Il y eut ces jours-là un combat, aux bords du Pô, pour un pont que Cécina voulait jeter sur ce fleuve, et dont les troupes othoniennes voulaient empêcher la construction. Comme elles n'y pouvaient réussir, elles mirent dans des bateaux des torches enduites de poix et de soufre ; et, après les avoir allumées, elles abandonnèrent les bateaux au vent, qui les porta sur les ouvrages des ennemis. Il s'éleva d'abord une fumée épaisse, et bientôt une flamme considérable, dont ceux qui conduisaient les barques furent tellement effrayés, qu'en se jetant dans le fleuve ils renversèrent les bateaux, et se livrèrent aux coups et à la risée des ennemis. Les troupes de Germanie allèrent charger les