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par défaut de courage, mais parce qu'ils les regardaient comme au-dessous d'eux. Spurina, l'un de leurs chefs, ayant voulu les y assujettir, fut en danger de périr par leurs mains. Ils ne lui épargnèrent ni les injures, ni les outrages ; et, l'accusant de trahison, ils lui reprochèrent de ruiner les affaires de César, en ne profitant pas des occasions favorables qui se présentaient. Quelques-uns même, étant pleins de vin, allèrent la nuit dans sa tente, et lui demandèrent un congé pour aller l'accuser auprès de César.

6. Mais ce qui fut très utile à Spurina et à l'état des affaires, c'est l'affront que son armée reçut à Plaisance. Les légions de Vitellius, étant allées attaquer cette place, firent aux soldats d'Othon, qui étaient sur les murailles, les railleries les plus sanglantes ; ils les traitèrent de comédiens, de danseurs, de spectateurs des jeux pythiques et olympiques, qui, sans aucune expérience des combats et des faits d'armes, regardaient comme un grand exploit d'avoir coupé la tête d'un vieillard désarmé (c'était de Galba qu'ils parlaient), mais n'avaient jamais osé se présenter en bataille devant des hommes. Ces paroles offensantes les piquèrent au vif, et, brûlant de s'en venger, ils allèrent se jeter aux