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voix, les yeux fixés sur lui ; et plusieurs d'entre eux d'autant plus effrayés, qu'ils étaient venus chez Othon avec leurs femmes. Il envoie les capitaines des gardes prétoriennes parler aux soldats, et les adoucir ; il dit à ses convives de se lever de table, et les fait sortir du palais par une porte de derrière. Ils étaient à peine dehors, que les soldats, entrant dans la salle, demandent ce que sont devenus les ennemis de César. Alors Othon se lève sur son lit, leur parle longtemps pour les apaiser, n'épargne ni prières, ni larmes, et, après bien des efforts, vient enfin à bout de les renvoyer. Le lendemain, il leur fit distribuer douze cent cinquante drachmes par tête, et se rendit au camp, où, après avoir loué en général les soldats de l'affection et du zèle qu'ils lui avaient témoignés, il leur dit qu'il y en avait parmi eux dont les intentions n'étaient point pures, qui faisaient calomnier la douceur et la fidélité de leurs compagnons ; il les pria de partager son ressentiment, et de l'aider à les punir. Ils applaudirent à son discours, et pressèrent eux-mêmes le châtiment des coupables ; il n'en fit arrêter que deux, dont la punition ne devait affliger personne, et il s'en retourna au palais.