Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

52. La nuit était fort avancée, lorsque Brutus se penchant, assis comme il était, vers Clitus, un de ses domestiques, lui dit quelques mots à l'oreille. Clitus ne lui répondit rien, mais ses yeux se remplirent de larmes. Alors Brutus tirant à part Dardanus, son écuyer, lui parla tout bas. Il s'adressa enfin à Volumnius, et, lui parlant grec, il lui rappela les études et les exercices qu'ils avaient faits ensemble, et le pria de l'aider à tenir son épée et à s'en percer le sein. Volumnius s'y refusa, ainsi que ses autres amis ; et l'un d'eux ayant dit qu'il ne fallait pas rester là plus longtemps, mais s'éloigner par la fuite : « Sans doute il faut fuir, répondit Brutus en se levant, et se servir pour cela non de ses pieds, mais de ses mains. » En même temps il leur serre à tous la main l'un après l'autre, et leur dit, avec un air de gaieté : « Je vois avec la satisfaction la plus vive que je n'ai été abandonné par aucun de mes amis ; et ce n'est que par rapport à ma patrie