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nombreuse, et placé dans des conjonctures si difficiles, n'avait aucun général qui pût aller de pair avec lui, était obligé de se servir de ceux qu'il avait, et d'agir ou de parler souvent d'après leur opinion. Il croyait donc devoir faire tout ce qui pouvait rendre plus soumis les soldats de Cassius, l'anarchie les avait rendus audacieux dans le camp, et leur défaite, lâches contre l'ennemi.

47. Antoine et César n'étaient pas dans une meilleure situation : réduits à une extrême disette, et campés dans des lieux enfoncés, ils s'attendaient à passer un hiver très pénible. Ils étaient environnés de marais ; les pluies d'automne, survenues après la bataille, avaient rempli les tentes de boue, de fange et d'eau, que le froid déjà piquant gelait tout de suite. Dans une extrémité si fâcheuse, ils apprirent la perle que leurs troupes venaient de faire sur mer : des vaisseaux qui conduisaient d'Italie un renfort considérable à César avaient été attaqués par la flotte de Brutus, qui les avait si complètement battus, qu'il ne s'était sauvé que très peu de soldats ; et ceux qui avaient échappé à cette défaite se trouvèrent réduits à une telle famine, qu'ils mangèrent jusqu'aux voiles et aux cordages de leurs vaisseaux. Cette nouvelle les détermina à presser une bataille décisive, avant