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amenèrent, en se plaignant que ces hommes, même dans la captivité, se permettaient de les railler insolemment. Brutus, occupé de soins bien différents, ne leur ayant rien répondu, Messala Corvinus proposa qu'après les avoir fait battre de verges sur le théâtre, on les renvoyât tout nus aux généraux ennemis, pour les faire rougir d'avoir besoin, jusque dans les camps, d'amis et de convives de cette espèce. Quelques-uns de ceux qui étaient présents se mirent à rire de cette proposition, mais Casca, celui qui avait porté le premier coup à César, prenant la parole : « Ce n'est pas, dit-il, par des jeux et des plaisanteries qu'il convient de faire les obsèques de Cassius. Brutus, ajouta-t-il, c'est à toi de faire voir quel souvenir tu conserves de ce général, en punissant ou en laissant vivre ceux qui osent le prendre pour sujet de leurs railleries. » Brutus, vivement piqué de cette remontrance : « Pourquoi donc, dit-il à Casca, me demandes-tu mon avis ? Que ne fais-tu ce que tu juges convenable ? » Les amis de Brutus prenant cette réponse pour un consentement à la mort de ces malheureux, les emmenèrent, et les firent mourir.

46. Brutus fit distribuer aux soldats l'argent qu'il leur avait promis ; et après quelques