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passer dans le conseil plusieurs des amis de Cassius au sentiment de son collègue. Un seul des amis de ce dernier, nommé Atellius, fut d'un avis contraire, et proposa de différer jusqu'à l'hiver. « Eh ! que gagnerais-tu, lui dit Brutus, d'attendre encore une année ? - Le moins que je puisse en espérer, répondit Atellius, c'est de vivre un an de plus. » Cette réponse déplut à Cassius, et indigna tous les autres officiers : la bataille fut résolue pour le lendemain.

40. Brutus, rempli des meilleures espérances, s'entretint, pendant le souper, de matières philosophiques, et alla ensuite se reposer. Cassius, au rapport de Messala, soupa dans sa tente avec un petit nombre d'amis ; et, contre son caractère, il fut, pendant tout le repas, pensif et taciturne. Après le souper il prit la main de Messala, et la lui serrant avec amitié, comme il avait coutume de faire : « Messala, lui dit-il en grec, je te prends à témoin que, comme le grand Pompée, je suis forcé, contre mon sentiment, de mettre au hasard d'une seule bataille le sort de ma patrie. Nous avons pourtant beaucoup de courage et une grande confiance dans la fortune, dont nous serions injustes de nous défier, quand même nous prendrions un mauvais parti. » Cassius, en finissant ces mots, embrassa Messala, et lui dit