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réciproquement beaucoup de plaintes et de reproches à se faire. Ils ne furent pas plutôt arrivés à Sardes, que, se retirant dans une chambre dont ils fermèrent les portes, et où personne ne fut admis, ils exposèrent d'abord leurs griefs respectifs, passèrent ensuite aux reproches, aux accusations et aux larmes même, et enfin à des outrages violents. Leurs amis qui les entendaient, étonnés de leur emportement et du ton de colère avec lequel ils parlaient, craignaient qu'ils ne se portent à des extrémités fâcheuses ; mais il leur était défendu d'entrer. Cependant Marcus Favonius, ce partisan si zélé de Caton, qui pratiquait la philosophie, moins par un choix de sa raison, que par une sorte d'impétuosité et de fureur, se présente à la porte, qui lui est refusée par les domestiques : mais il n'était pas aisé de retenir Favonius, quelque chose qu'il désirât : violent et précipité dans toutes ses actions, il ne tenait aucun compte de sa dignité sénatoriale, et se faisait un plaisir de la rabaisser avec une liberté cynique. Il est vrai que le plus souvent on ne faisait que rire et plaisanter des injures toujours déplacées qu'il se permettait. Il força donc ceux qui gardaient la porte ; et en entrant dans la chambre, il prononça d'un ton de voix affecté les vers de Nestor dans Homère :