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été poussés par la haine et l'envie qu'ils portaient à César. Aussi les lettres de Brutus prouvent-elles évidemment qu'il mettait bien moins sa confiance dans ses troupes que dans sa vertu. À la veille même du danger, il écrivait à Atticus que ses affaires étaient au point de fortune le plus brillant : « Car, ajouta-t-il, ou ma victoire rendra la liberté aux Romains, ou ma mort me délivrera de la servitude. Tout le reste est pour nous dans un état ferme et assuré ; une seule chose est encore incertaine, c'est si nous vivrons ou si nous mourrons libres. Antoine porte la juste peine de sa folie, lui qui, pouvant se mettre au nombre des Brutus, des Cassius et des Caton, aime mieux n'être que le second d'Octave : et s'il n'est pas vaincu avec lui dans le combat qui va se donner, il sera bientôt en guerre contre lui. » Le temps prouva que c'était une prédiction de ce qui devait arriver un jour.

30. Pendant qu'ils étaient à Smyrne, Brutus pria Cassius de lui donner une partie des grandes sommes qu'il avait amassées : il donnait pour motifs de cette demande que l'argent qu'il avait eu de son côté, avait été employé à l'équipement de cette flotte nombreuse, qui les rendait maîtres de toute la mer Méditerranée. Les amis de Cassius l'en détournaient. «