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contre la puissance d'Antoine, ne l'avait pas eu plutôt chassé d'Italie, qu'il se rendit lui-même redoutable ; il demandait le consulat, contre les dispositions des lois, et entretenait de grandes armées dont la ville n'avait aucun besoin. Mais ensuite voyant le sénat, mécontent de sa conduite, jeter les yeux sur Brutus. lui confirmer ses anciens gouvernements, et lui en décerner de nouveaux, il craignit lui-même, et il rechercha l'amitié d'Antoine. En même temps il investit Rome de troupes, et se fit donner le consulat, ayant à peine atteint l'âge de l'adolescence ; car il n'était que dans sa vingtième année, comme il le dit lui-même dans ses Commentaires. Il appela tout de suite en justice Brutus et les autres conjurés, pour avoir fait périr, sans aucune formalité de justice, le premier et le plus grand personnage de Rome par ses dignités. Il nomma Lucius Cornificius et Agrippa pour accusateurs, le premier de Brutus, et le second de Cassius.

Les accusés n'ayant pas comparu, il força les juges de les condamner par contumace. Lorsque le héraut appela, suivant l'usage, Brutus du haut de la tribune, pour comparaître, le peuple en gémit, dit-on, hautement ; et les citoyens les plus honnêtes, baissant la tête, gardèrent un profond silence : on vit même Publius Silicius[17]