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Déjà même le peuple, mécontent d'Antoine, qui semblait vouloir succéder à la tyrannie de César, désirait Brutus, et espérait le voir bientôt à Rome, pour y célébrer les jeux qu'il devait donner comme préteur. Mais Brutus ayant su qu'un grand nombre de soldats vétérans, de ceux qui avaient reçu de César, pour récompense de leurs services, des terres et des maisons dans des colonies, lui dressaient des embûches, et se glissaient par pelotons dans la ville, il n'osa pas y retourner. Son absence ne priva pas le peuple du spectacle des jeux ; ils furent célébrés avec une magnificence extraordinaire. Brutus voulut que rien n'y fût épargné : il avait fait acheter un très grand nombre d'animaux féroces ; il défendit qu'on en donnât ou qu'on en réservât un seul, et commanda qu'ils fussent tous employés dans les jeux. Il alla lui-même jusqu'à Naples, pour y louer plusieurs comédiens ; et comme il désirait d'en avoir un nommé Canutius, qui avait le plus grand succès sur les théâtres, il en écrivit à ses amis, et les pria de ne rien négliger pour l'engager à paraître dans ces jeux : car il ne croyait pas convenable de forcer aucun Grec. Il écrivit aussi à Cicéron, pour le prier instamment d'y assister.

22. Telle était la situation des affaires à