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ferme résolution de ne tuer que César et d'appeler tous les citoyens à la liberté. Lorsqu'ils formèrent le projet de la conjuration, ils voulaient tous qu'avec César, on tuât aussi Antoine, homme fier et insolent, partisan déclaré de la monarchie, à qui sa familiarité habituelle avec les soldats donnait un grand crédit sur les troupes. Un motif plus fort encore, c'est que son audace et son ambition naturelles étaient encore fortifiées par la dignité du consulat, qu'il partageait avec César. Brutus combattit cet avis, d'abord parce qu'il était contraire à toute justice ; eu second lieu, par l'espoir qu'il leur donna du changement d'Antoine. Il ne désespérait pas qu'un homme d'un caractère élevé, ambitieux et avide de gloire, quand il verrait César mort, ne s'enflammât, à leur exemple, d'une noble émulation pour la vertu, et ne voulût contribuer à la liberté de sa patrie. Ces réflexions sauvèrent Antoine, qui, le jour du meurtre de César, profitant de la frayeur publique, prit la fuite, déguisé en homme du peuple. Brutus et les autres conjurés se retirèrent au Capitole, les mains teintes de sang ; et montrant aux Romains leurs poignards nus, ils les appelaient à la liberté. Au premier bruit de cet événement, ce ne fut dans toutes les rues que courses et cris confus de gens qui augmentaient