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ses desseins. Aussi disait-on que Brutus haïssait la tyrannie, et Cassius le tyran. Outre quelques autres sujets de plainte qu'il avait contre César, il ne lui pardonnait pas de lui avoir enlevé des lions qu'il avait fait rassembler et conduire à Mégare pour les jeux de son édilité ; César, qui les trouva dans cette ville quand elle fut prise par Galénus, les avait gardés pour lui. Ces lions devinrent funestes aux Mégariens : lorsqu'ils virent leur ville au pouvoir des ennemis, ils ouvrirent les loges de ces animaux et leur ôtèrent leurs chaînes, pour empêcher les ennemis de se précipiter sur eux ; mais au contraire les lions se jetèrent sur les habitants ; et comme ils fuyaient de tous côtés sans armes, ils furent cruellement déchirés par ces animaux, et excitèrent la pitié des ennemis eux-mêmes.

9. On veut que cet affront ait été la principale cause de la conspiration de Cassius contre César ; mais c'est une erreur : Cassius avait toujours eu une haine naturelle et une aversion invincible contre tous les tyrans ; et dès son enfance même il fit connaître cette disposition. Il allait à la même école que Faustus, fils de Sylla : cet enfant s'étant mis un jour à exalter, à combler d'éloges, au milieu de ses camarades, la puissance absolue de son père, Cassius se leva de sa place, et alla lui donner deux soufflets. Les tuteurs et les parents