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il le rencontrait, il ne daignait pas même lui parler ; il eût cru se rendre coupable d'impiété en adressant la parole au meurtrier de son père : mais alors, ne voyant plus en lui que le chef de la république, il crut devoir marcher sous ses ordres, et se rendit en Sicile comme lieutenant de Sestius, à qui le sort avait donné le gouvernement de cette province. Il n'y trouva aucune occasion de se distinguer ; et comme les deux généraux étaient déjà en présence, prêts à décider de l'empire par le sort des armes, il alla, simple volontaire, en Macédoine, afin de partager le péril commun. Lorsqu'il arriva au camp de Pompée, ce général, qui était assis dans sa tente, fut si surpris et si charmé de le voir, qu'il se leva et l'embrassa devant tout le monde, comme l'officier le plus considérable de son armée. Dans le camp, tout le temps qu'il ne passait pas avec Pompée, il l'employait à l'étude et à la lecture, non seulement les jours que les armées étaient dans l'inaction, mais la veille même de cette grande bataille qui se donna dans la plaine de Pharsale. On était au fort de l'été, il faisait une chaleur extrême, et l'on campait dans un terrain marécageux. Les esclaves qui portaient sa tente n'arrivant pas, quoiqu'il fût très fatigué, il ne se décida que