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retenaient à Rhodes, avait chargé Caninius[4], un de ses amis, de veiller à la conservation des richesses qu'il avait trouvées en Cypre ; mais craignant que Caninius n'en fût pas un gardien fidèle, il écrivit à Brutus de quitter la Pamphylie, où il se rétablissait d'une maladie qu'il avait eue, et de se rendre promptement en Cypre. Cette commission déplaisait à Brutus, soit par les égards qu'il croyait devoir à Caninius, à qui Caton faisait un affront sensible, soit par la nature même de cet emploi, qu'il ne trouvait ni honnête en soi, ni convenable à un jeune homme qui ne s'était encore appliqué qu'à l'étude des lettres. Il fit cependant le voyage, et mit dans sa commission tant d'exactitude et de soin, qu'il mérita les louanges de Caton. Il fit vendre tous les effets de Ptolémée, et porta lui-même à Rome l'argent qu'il en avait tiré.

4. Lorsqu'à Rome la division éclata entre César et Pompée, et que dans la guerre qui s'alluma, tout l'empire se partagea entre ces deux rivaux, on ne douta pas que Brutus, dont Pompée avait fait mourir le père, ne se déclarât pour César : mais il sacrifia son ressentiment à l'intérêt public ; et persuadé que les motifs de Pompée pour prendre les armes étaient plus justes que ceux de César, il embrassa la cause du premier. Jusque-là, quand