Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa maison ; elle en sortit, emmenant avec elle tous les enfans d’Antoine, excepte l’aîné de ceux qu’il avait eus de Fulvie, et qui était auprès de son père : elle fondait en larmes, et se désolait de pouvoir être regardée par les Romains comme une des causes de la guerre civile. Le peuple gémissait moins sur le sort d’Octavie que sur l’aveuglement d’Antoine, principalement ceux qui ayant vu Cléopâtre, savaient que cette reine ne l’emportait sur Octavie ni pour la beauté, ni pour la fleur de la jeunesse.

LXIII. César ayant appris la grandeur et la promptitude des préparatifs d’Antoine, en fut troublé, et craignit d’être obligé de commencer la guerre cet été-là même, lorsqu’il manquait encore de beaucoup de provisions, et que le peuple était mécontent des impôts dont il l’accablait. Tous les citoyens étaient forcés de payer le quart de leur revenu, et les fils d affranchi de donner la valeur du huitième de leurs fonds. Des contributions si onéreuses excitaient des plaintes générales, et causaient des troubles dans toute l’Italie. Aussi une des plus grandes fautes qu’Antoine pût faire, c’était de différer d’attaquer César, et de lui donner par ce délai le temps de faire ses préparatifs et de dissiper les troubles qui s’étaient élevés : car le peuple, qui