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faire, des secours si considérables, ni utile à ses intérêts de décourager, par la retraite de leur reine, les Égyptiens qui faisaient une grande partie de ses forces navales. Cauidius ajouta que Cléopâtre ne lui paraissait inférieure en prudence à aucun des rois qui combattaient sous ses ordres, elle qui avait long-temps gouverné seule un empire si vaste, et qui depuis quelle vivait avec lui avait appris à conduire les plus grandes affaires. Ces raisons triomphèrent de l’opposition d’Antoine, car il fallait que César devînt seul maître de tout l’empire romain. Lorsqu’il eut rassemblé toutes ses forces, ils firent voile pour Samos, où ils passèrent tout leur temps eu plaisirs et en fêtes. Comme les rois, les princes, les tétrarques, les nations et les villes, depuis la Syrie jusqu’aux Palus-Méotides, à l’Arménie et à l’Illyrie, avaient reçu l’ordre d’apporter ou d’envoyer toutes les provisions dont Antoine avait besoin pour la guerre, on n’avait pas non plus oublié de convoquer à Samos tous les comédiens, tous les farceurs, tous les artisans du dieu Bacchus. Ainsi, pendant que la terre entière poussait des soupirs et des gémissemens, une seule île retentit durant plusieurs jours du son des flûtes et des autres instrumens de mu-