Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

la puissance de ce jeune homme, qui d'ailleurs faisait de son côté tout son possible pour s'insinuer dans l'amitié de Cicéron, et l'appelait même son père. Brutus, indigné de cette conduite, lui en fait les plus vifs reproches dans ses lettres à Atticus : il y dit que Cicéron, en flattant César par la peur qu'il a d'Antoine, ne laisse aucun lieu de douter qu'il cherche moins à rendre à sa patrie la liberté, qu'à se donner à lui-même un maître doux et humain. Cependant Brutus ayant trouvé le fils de Cicéron à Athènes, où il suivait les écoles des philosophes, le prit avec lui, le chargea d'un commandement, et lui dut plusieurs de ses succès. Jamais Cicéron n'avait joui d'une plus grande autorité dans Rome disposant de tout en maître, il vint à bout de chasser Antoine, et de soulever tous les esprits contre lui ; il envoya même les deux consuls Hirtius et Pansa pour lui faire la guerre, et persuada le sénat de décerner au jeune César les licteurs armés de faisceaux, et toutes les marques du commandement, parce qu'il combattait pour la patrie.

Mais après qu'Antoine eut été défait, et les deux consuls tués, les deux armées qu'ils commandaient s'étant réunies à César, le sénat, qui craignit ce jeune homme, dont la fortune