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vivre tranquille, également éloigné des deux partis ; Cicéron, très étonné que César ne lui eût pas écrit lui-même répondit en colère à Trébatius qu'il ne démentirait pas la conduite qu'il avait toujours tenue dans le gouvernement : c'est ainsi qu'il en parle dans ses lettres.

XXXVIII. César étant parti pour l'Espagne, Cicéron s'embarqua tout de suite pour aller joindre Pompée. Tout le monde le vit arriver avec plaisir, excepté Caton, qui, l'ayant pris tout de suite en particulier, le blâma fort d'avoir embrassé le parti de Pompée. «Pour moi, lui dit-il, je ne pouvais, sans me faire tort, abandonner une cause à laquelle je me suis attaché dès ma première entrée dans les affaires publiques ; mais vous, n'auriez-vous pas été plus utile à votre patrie et à vos amis en restant neutre dans Rome, pour vous conduire d'après les événements, au lieu de venir ici, sans raison et sans nécessité ; vous déclarer l'ennemi de César et vous jeter dans un si grand péril ?» Ces remontrances lui firent d'autant plus aisément changer de résolution que Pompée ne l'employait à rien d'important. Il est vrai qu'il ne devait s'en prendre qu'à lui-même, car il ne dissimulait pas qu'il se repentait d'être venu : il se moquait ouvertement des préparatifs de Pompée, blâmait sans ménagement