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qu'il eut la gloire d'obtenir le premier, et que Caton lui déféra en présence de tout le peuple.

XXIV. Il jouit alors de la plus grande autorité dans Rome ; mais il excita l'envie publique, non par aucune mauvaise action, mais par l'habitude de se vanter lui-même, et de relever ce qu'il avait fait dans son consulat par des louanges dont tout le monde était blessé. Il n'allait jamais au sénat, aux assemblées du peuple et aux tribunaux, qu'il n'eût sans cesse à la bouche les noms de Catilina et de Lentulus. Il en vint jusqu'à remplir de ses propres louanges tous les ouvrages qu'il composait ; et par là son style, si plein de douceur et de grâce, devenait insupportable à ses auditeurs. Cette affectation importune était comme une maladie fatale attachée à sa personne. Mais cette ambition démesurée ne le rendit pas envieux des autres : étranger à tout sentiment de jalousie, il comblait de louanges et les grands hommes qui l'avaient précédé, et ses contemporains, comme on le voit par ses écrits, et par plusieurs bons mots qu'on rapporte de lui. Il disait, par exemple, d'Aristote, que c'est un fleuve qui roule de l'or à grands flots ; et des Dialogues de Platon, que si Jupiter parlait, il prendrait le style de ce philosophe. Il avait coutume