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César, dont il se rendit caution, fut libre de partir pour son gouvernement. On dit qu’en traversant les Alpes, il passa dans une petite ville occupée par des Barbares, et qui n’avait qu’un petit nombre de misérables habitants. Ses amis lui ayant demandé, en plaisantant, s’il croyait qu’il y eût dans cette ville des brigues pour les charges, des rivalités pour le premier rang, des jalousies entre les citoyens les plus puissants, César leur répondit très sérieusement qu’il aimerait mieux être le premier parmi ces Barbares que le second dans Rome. Pendant son séjour en Espagne, il lisait, un jour de loisir, des particularités de la vie d’Alexandre et, après quelques moments de réflexion, il se mit à pleurer. Ses amis, étonnés, lui en demandèrent la cause. « N’est-ce pas pour moi, leur dit-il, un juste sujet de douleur qu’Alexandre, à l’âge où je suis, eût déjà conquis tant de royaumes, et que je n’aie encore rien fait de mémorable ? » À peine arrivé en Espagne, il ne perdit pas un moment, et en peu de jours il eut mis sur pied dix cohortes, qu’il joignit aux vingt qu’il y avait trouvées marchant à leur tête contre les Calléciens et les Lusitaniens, il vainquit ces deux