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payée, il ne fut pas plutôt en liberté qu’il équipa quelques vaisseaux dans le port de cette ville, et cingla vers ces pirates, qu’il surprit à l’ancre dans la rade même de l’île ; il en prit un grand nombre et s’empara de tout leur butin. De là il les conduisit à Pergame, où il les fit charger de fers, et alla trouver Junius, à qui il appartenait, comme préteur d’Asie, de les punir. Junius ayant jeté un œil de cupidité sur leur argent, qui était considérable, lui dit qu’il examinerait à loisir ce qu’il devait faire de ces prisonniers. César, laissant là le préteur, et retournant à Pergame, fit pendre tous ces pirates, comme il le leur avait souvent annoncé dans l’île, où ils prenaient ses menaces pour des plaisanteries.

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Lorsque la puissance de Sylla eut commencé à s’affaiblir, et que les amis de César lui eurent écrit de revenir à Rome, il alla d’abord à Rhodes pour y prendre des leçons d’Apollonius Molon, celui dont Cicéron avait été l’auditeur, qui enseignait la rhétorique avec beaucoup de succès, et qui d’ailleurs avait la réputation d’un homme vertueux. On dit que César, né avec les dispositions les plus heureuses pour l’éloquence politique, avait cultivé avec tant de soin ce talent naturel, que, de l’aveu de tout le monde, il tenait le second rang