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flottes considérables et un nombre infini de petits vaisseaux, s’étaient rendus maîtres de toute cette mer. Ces pirates lui demandèrent vingt talents pour sa rançon ; il se moqua d’eux de ne pas savoir quel était leur prisonnier, et il leur en promit cinquante. Il envoya ceux qui l’accompagnaient dans différentes villes pour y ramasser cette somme, et ne retint qu’un seul de ses amis et deux domestiques, avec lesquels il resta au milieu de ces corsaires ciliciens, les plus sanguinaires des hommes ; il les traitait avec tant de mépris que, lorsqu’il voulait dormir, il leur faisait dire de garder un profond silence. Il passa trente-huit jours avec eux ; moins comme leur prisonnier que comme un prince entouré de ses gardes. Plein de sécurité, il jouait et faisait avec eux ses exercices, composait des poèmes et des harangues qu’il leur lisait ; et lorsqu’ils n’avaient pas l’air de les admirer, il les traitait, sans ménagement, d’ignorants et de barbares : quelquefois même il les menaçait, en riant, de les faire pendre. Ils aimaient cette franchise, qu’ils prenaient pour une simplicité et une gaieté naturelles. Quand il eut reçu de Milet sa rançon, et qu’il la leur eut