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le territoire de Nonacris, et qu’on recueille comme une rosée légère dans une corne de pied d’âne ; on ne peut la conserver dans aucun autre vaisseau ; elle les brise tous par son froid extrême et sa violente acrimonie. Mais la plupart des historiens regardent comme une fable tout ce qu’on dit de cet empoisonnement ; et la plus forte preuve qu’ils en donnent, c’est qu’après sa mort la division s’étant mise parmi ses capitaines, et ayant duré plusieurs jours, son corps, qui pendant tout ce temps-là fut laissé sans aucun soin, dans un pays très chaud et où l’air est étouffant, ne donna aucune marque de l’altération que produit toujours le poison, et se conserva parfaitement sain.

C. Au moment de sa mort, Roxane se trouva grosse, et reçut par cette raison les hommages des Macédoniens. Mais comme elle était jalouse de Statira, elle la trompa par une lettre supposée qu’elle lui écrivit au nom d’Alexandre, pour la faire venir ; dès qu’elle fut arrivée, elle la fit mourir avec sa sœur qui l’avait accompagnée, et ordonna qu’on jetât leurs corps dans un puits, qu’elle fit combler ensuite ; elle eut Perdiccas pour confident et pour complice de ce crime. Ce fut de tous les capitaines d’Alexandre celui qui, aussitôt après sa mort, eut la plus grande autorité, parce qu’il traînait