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jours-là même Éphestion tomba malade de la fièvre : jeune encore et homme de guerre, il ne put s’accoutumer à une diète exacte ; et, pendant que Glaucus, son médecin, était allé au théâtre, il mangea pour son dîner un chapon rôti et but une bouteille de vin qu’il avait fait rafraîchir ; cet excès le conduisit en peu de jours au tombeau. Alexandre ne supporta point cette perte avec modération ; il fit d’abord, en signe de deuil, couper les crins à tous les chevaux, à tous les mulets de l’armée, et abattre les créneaux des villes des environs. Le malheureux médecin fut mis en croix ; l’usage des flûtes et toute espèce de musique cessèrent dans son camp jusqu’à ce qu’il eût reçu un oracle de Jupiter Ammon qui ordonnait d’honorer Éphestion et de lui sacrifier comme à un demi-dieu. Enfin, cherchant dans la guerre une distraction à sa douleur, il partit comme pour une chasse d’hommes, et, ayant subjugué la nation des Cosséens, il les fit tous passer au fil de l’épée sans distinction d’âge ni de sexe ; il appela cette horrible boucherie le sacrifice pour les funérailles d’Éphestion : il porta à dix mille talents la somme qu’il voulait employer à la dépense de ses obsèques, de sa pompe funèbre et de son