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l’Inde la quatrième partie de son armée, qui, à son départ, était de cent vingt mille hommes de pied et de quinze mille chevaux. Des maladies aiguës, la mauvaise nourriture, les chaleurs excessives, en firent périr beaucoup ; mais le plus grand nombre fut emporté par la famine, dans un pays stérile et inculte, habité par des hommes qui menaient une vie dure et ne mangeaient que des brebis maigres, qui, nourries de poissons de mer, avaient la chair mauvaise et puante. Il eut beaucoup de peine à faire cette route en soixante jours, et arriva enfin dans la Gédrosie, où les rois et les satrapes de cette contrée lui envoyèrent en abondance toutes sortes de provisions.

LXXXVIII. Après avoir fait rafraîchir quelque temps son armée, il se remit en marche et traversa en sept jours la Caramanie, dans une espèce de bacchanale continuelle. Porté sur une estrade de forme carrée, qu’on avait placée sur un chariot fort élevé et traîné par huit chevaux, il passait les nuits et les jours dans les festins avec ses courtisans et ses amis. Ce chariot était suivi d’un grand nombre d’autres, dont les uns étaient couverts de lapis de pourpre ou d’étoffes de diverses couleurs ; les autres étaient ombragés de rameaux verts qu’on renouvelait à tous moments. Ces chariots servaient