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il regarderait leur retraite prématurée comme un aveu public de leur défaite. Mais enfin ses amis lui ayant dit, pour le consoler, tout ce que la circonstance exigeait, et ses soldats étant venus à sa porte pour le toucher par leurs cris et leurs gémissements, il se laissa fléchir et se disposa à retourner sur ses pas, après avoir imaginé, avec une vanité de sophiste, tout ce qui pouvait donner une opinion exagérée de sa gloire. Il fit faire des armes, des mangeoires pour les chevaux et des mors d’une grandeur et d’un poids extraordinaires, et les dispersa de côté et d’autre dans la campagne. Il dressa aussi, en l’honneur des dieux, des autels que les rois des Prasiens honorent encore aujourd’hui ; ils passent tous les ans le Gange, pour aller y faire des sacrifices à la manière des Grecs. Androcottus, qui, alors dans sa première jeunesse, avait souvent vu Alexandre, répéta depuis plusieurs fois qu’il n’avait tenu à rien qu’Alexandre ne se rendît maître de l’Inde, parce que le roi de ce pays était généralement haï et méprisé pour sa méchanceté et pour la bassesse de sa naissance. Alexandre, curieux de voir la mer Océane, fit construire pour ce voyage un grand nombre de bateaux à rames et de radeaux, sur lesquels il descendit facilement le long des rivières. Cependant sa navigation