Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

LXXXII. Porus fut pris et amené devant Alexandre, qui lui demanda comment il voulait être traité. « En roi, lui répondit Porus. — Ne veux-tu rien de plus ? lui dit Alexandre. — Tout est compris dans ce mot, » répliqua Porus. Alexandre ne se borna pas à lui laisser son ancien royaume, pour le gouverner sous le nom de satrape ; il y ajouta plusieurs autres pays ; et, après avoir subjugué les peuples libres de ces contrées, qui formaient quinze nations différentes et possédaient cinq mille villes considérables avec un nombre infini de villages, il les mit sous la domination de Porus. Il fit présent d’un royaume trois fois plus grand à Philippe, un de ses courtisans, et l’en établit satrape. Son cheval Bucéphale, percé de coups à cette bataille, mourut peu de temps après, comme on le traitait des blessures qu’il avait reçues. C’est ce que disent la plupart des historiens ; mais, au rapport d’Onésicritus, il mourut de fatigue et de vieillesse ; car il avait trente ans. Alexandre le regretta vivement et crut avoir perdu un ami, un compagnon fidèle. Il bâtit sur les bords de l’Hydaspe, et dans le lieu même où il le fit enterrer, une ville qu’il appela de son nom Bucéphalie ; il perdit aussi un chien nommé Pérites, qu’il avait élevé lui-même et qu’il aimait beaucoup ; il lui fit bâtir