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Macédoniens. Alexandre, qui craignait les éléphants et la grande multitude des ennemis, ne voulut pas les attaquer de front ; il alla charger l’aile gauche et fit attaquer en même temps la droite par Cénus. Les deux ailes de Porus, bientôt enfoncées, se retirèrent près des éléphants, pour s’y rallier. La mêlée y fut très vive, et, les ennemis ne commencèrent à prendre la fuite qu’à la huitième heure du jour. Voilà les détails qu’a donnés dans une de ses lettres le général même qui livra la bataille. Porus, suivant le plus grand nombre des historiens, avait quatre coudées et une spithame de haut ; sa faille et sa grosseur répondaient à celles de l’éléphant qu’il montait et qui était le plus grand de l’armée. Cet animal fit paraître dans cette occasion une prudence étonnante et un soin admirable pour la personne du roi : tant que Porus conserva ses forces, il le défendit avec courage et repoussa tous ceux qui venaient l’attaquer ; mais lorsqu’il sentit que, couvert de dards et de blessures, ce prince s’affaiblissait peu à peu, alors, dans la crainte qu’il ne tombât, il plia les genoux, se laissa aller doucement à terre, et, avec sa trompe, il lui arracha les dards l’un après l’autre.