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grand roi et suivant les lois qu’elle prescrit. Les philosophes du pays ne lui suscitèrent pas moins d’affaires que ces Indiens, soit en décriant les princes qui s’étaient unis à lui, soit en soulevant les peuples libres ; aussi en fit-il pendre plusieurs.

LXXX. Il a raconté lui-même, dans une de ses lettres, ce qui se passa à la bataille contre Porus. Il y dit que l’Hydaspe séparait les deux camps ; que Porus tenait toujours ses éléphants rangés de front sur l’autre rive pour défendre le passage ; que, de son côté, il faisait faire tous les jours beaucoup de bruit et de tumulte dans son camp, afin que ses soldats, accoutumés aux cris des Barbares, n’en fussent plus surpris. Dans une nuit orageuse, où la lune n’éclairait pas, il prit une partie de ses gens de pied, avec l’élite de sa cavalerie, et alla, loin des ennemis, passer le fleuve à une petite île : là, il fut accueilli d’une pluie violente, accompagnée d’un vent impétueux et de grands éclats de tonnerre. La mort de plusieurs de ses soldats, qu’il voyait frappés de la foudre, ne l’empêcha pas de partir de l’île et de gagner l’autre bord. L’Hydaspe, enflé par les pluies, coulait avec tant de rapidité, qu’il emporta une partie du rivage : comme ses eaux s’engouffraient dans cette brèche avec violence, Alexandre fut entraîné