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très surpris de le voir en armes, sans aucune pompe extérieure ; leur étonnement fut plus grand encore lorsqu’on eut apporté un carreau, et que le roi dit au plus âgé d’entre eux de le prendre et de s’asseoir. Ce chef de l’ambassade, pénétré d’admiration pour un trait si éclatant d’humanité, lui demanda ce qu’il exigeait d’eux pour qu’ils devinssent ses amis. « Je veux, lui répondit Alexandre, qu’ils te choisissent pour leur roi et qu’ils m’envoient cent de leurs meilleurs citoyens pour me servir d’otages. — Seigneur, reprit Acuphis en souriant, je les gouvernerai bien mieux s’ils gardent les meilleurs, pour n’envoyer que les plus méchants. »

LXXIX. Taxile possédait, dit-on, dans l’Inde, un royaume aussi grand que l’Égypte, très abondant en pâturages et en fruits excellents. C’était un prince sage, qui, étant allé trouver Alexandre, lui dit, après l’avoir salué : « Qu’avons-nous besoin, Alexandre, de nous faire la guerre, si tu n’es pas venu pour nous ôter l’eau et ce qui est nécessaire à notre nourriture ? Ce sont les seules choses qui puissent forcer les hommes à combattre les uns contre les autres. Pour les richesses et les autres biens, si j’en ai plus que toi, je suis prêt à t’en faire part ; si j’en ai moins, je n’aurai