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la tête pour ne pas recevoir son baiser : « Eh bien ! dit tout haut Callisthène, je me retirerai avec un baiser de moins que les autres. » Alexandre, à qui cette conduite donnait de l’éloignement pour ce philosophe, en fut plus disposé à croire Éphestion, lorsqu’il lui dit que Callisthène, après lui avoir promis d’adorer le roi, avait manqué à sa parole. Un Lysimachus et un Agnon aggravèrent encore cette accusation, et dirent que ce sophiste se glorifiait partout du refus qu’il avait fait d’adorer Alexandre, croyant par-là avoir détruit la tyrannie ; que tous les jeunes gens le recherchaient avec ardeur, et s’attachaient à lui comme au seul homme qui fût libre au milieu de tant d’esclaves. Aussi, quand la conspiration d’Hermolaüs contre Alexandre eut été découverte, on n’eut pas de peine à croire ceux qui déposèrent qu’Hermolaüs ayant demandé à Callisthène comment il pourrait devenir le plus célèbre des hommes, ce philosophe lui avait répondu : « En tuant le plus célèbre d’entre eux ; » que pour exciter Hermolaüs à exécuter ce complot, il lui disait de ne pas avoir peur du lit d’or et de se souvenir qu’il avait affaire à un homme sujet aux maladies et aux blessures.

LXXV. Cependant aucun des complices d’Hermolaüs, au milieu même des plus cruels tourments, ne