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était d’ailleurs neveu et gendre de Caton, et devait naturellement désirer la ruine de la monarchie ; mais les honneurs et les bienfaits qu’il avait reçus de César émoussaient ce désir et l’empêchaient de se porter à la détruire. Non content de lui avoir donné la vie après la bataille de Pharsale et la fuite de Pompée, et d’avoir, à sa prière, sauvé plusieurs de ses amis, César lui avait encore témoigné la plus grande confiance, en lui conférant cette année même la préture la plus honorable, et le désignant consul pour quatre ans après ; il lui donnait la préférence sur Cassius, son compétiteur, quoiqu’il avouât que Cassius apportait de meilleurs titres, mais qu’il ne pouvait le faire passer avant Brutus : aussi, lorsqu’on le lui dénonça comme engagé dans la conjuration qui se tramait déjà, il n’ajouta pas foi à cette accusation ; et se prenant la peau du corps avec la main : « Ce corps, dit-il, attend Brutus. » Il faisait entendre par là que la vertu de Brutus le rendait digne de régner ; mais que pour régner, il ne deviendrait pas ingrat et criminel. Cependant ceux qui désiraient un changement, et qui avaient les yeux fixés sur Brutus seul, ou du moins sur lui plus que sur tout autre, n’osaient pas, à la vérité, lui en parler ouvertement ; mais la nuit ils couvraient le tribunal