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réponse ; mais, d’un autre côté, les sophistes et les flatteurs de la cour d’Alexandre étaient mortifiés de voir Callisthène recherché des jeunes gens pour son éloquence, et non moins agréable aux vieillards par sa conduite réglée, grave et modeste, qui confirmait le motif qu’on donnait à son voyage en Asie ; il n’était venu, disait-on, trouver Alexandre que pour obtenir de ramener ses concitoyens dans sa patrie et de la repeupler. Quoique sa réputation fût la principale cause de l’envie qu’on lui portait, il donna pourtant lieu quelquefois aux calomnies de ses ennemis, parce qu’il refusait souvent les invitations que le roi lui faisait de venir souper chez lui ; et, lorsqu’il y allait, son silence et sa gravité faisaient assez connaître qu’il n’approuvait rien de ce qu’on y faisait et qu’il n’y prenait aucun plaisir. Aussi Alexandre disait-il de lui :

Un sage est odieux, s’il ne l’est pour lui-même.

LXXIII. Un jour que Callisthène soupait chez Alexandre avec un grand nombre de convives, on le pria de faire, la coupe à la main, l’éloge des Macédoniens ; il traita ce sujet avec tant d’éloquence, que tous les assistants, s’étant levés de table, battirent des mains à l’envi et lui jetèrent