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lui faire part du décret. Il ne daigna pas se lever à leur arrivée ; et leur donnant audience comme aux plus simples particuliers, il leur dit qu’il fallait diminuer ses honneurs plutôt que de les augmenter. Le sénat ne fut pas plus mortifié de cette hauteur que le peuple lui-même, qui crut voir Rome méprisée dans ce dédain affecté pour les sénateurs ; tous ceux qui n’étaient pas obligés par état de rester s’en retournèrent la tête baissée, et dans un morne silence. César s’en aperçut et rentra sur-le-champ dans sa maison ; là, se découvrant la poitrine, il criait à ses amis qu’il était prêt à la présenter au premier qui voudrait l’égorger. Enfin, il s’excusa sur sa maladie ordinaire, qui, disait-il, ôte à ceux qui en sont attaqués l’usage de leurs sens, quand ils parlent debout devant une assemblée nombreuse ; saisis d’abord d’un tremblement général, ils éprouvent des éblouissements et des vertiges qui les privent de toute connaissance. Mais cette excuse était fausse, car il avait voulu se lever devant le sénat : mais il en fut empêché par un de ses amis, ou plutôt par un de ses flatteurs, Cornélius Palbus, qui lui dit : « Oubliez-vous que vous êtes César ? et voulez-vous rejeter les honneurs qui sont dus à votre dignité ? »

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Après avoir ainsi mécontenté tous les