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civile. Le plus jeune des fils de Pompée se sauva de la bataille, et peu de jours après Didius vint mettre aux pieds de César la tête de l’aîné.

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Ce fut la dernière guerre de César, et le triomphe qui la suivit affligea plus les Romains que tout ce qu’il avait pu faire précédemment ; c’était, non pour ses victoires sur des généraux étrangers ou sur des rois barbares qu’il triomphait, mais pour avoir détruit et éteint la race du plus grand personnage que Rome eût produit, et qui avait été lu victime des caprices de la fortune. On ne lui pardonnait pas de triompher ainsi des malheurs de sa patrie, et de se glorifier d’un succès que la nécessité seule pouvait excuser, et devant les dieux, et devant les hommes, d’autant que jusqu’alors il n’avait jamais ni envoyé de courriers, ni écrit de lettres au sénat, pour annoncer les victoires qu’il avait remportées dans les guerres civiles ; il avait toujours paru rejeter une gloire dont il était honteux. Cependant les Romains pliaient sous l’ascendant de sa fortune, et se soumettaient au frein sans résistance : persuadés même qu’ils ne pourraient plus se relever de tous les maux qu’avaient causés les guerres civiles que sous l’autorité d’un seul, ils le nommèrent dictateur perpétuel. C’était reconnaître ouvertement la tyrannie, puisque à l’autorité