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justice ! Pourquoi a-t-il donc vaincu ? Est-ce pour commander, pour régner en maître, ou pour se laisser maîtriser par une vaine opinion ? Ignorez-vous, ajouta-t-il, en s’adressant à lui-même, qu’on représente la Justice et Thémis assises sur le trône de Jupiter pour nous faire entendre que toutes les actions du prince sont justes légitimes ? » Anaxarque, par ces discours et par d’autres semblables, adoucit la douleur du roi ; mais il le rendit dur et injuste. Il s’insinua d’ailleurs très avant dans ses bonnes grâces, et le dégoûta de plus en plus de la conversation de Callisthène, dont l’austérité n’était déjà que trop odieuse à Alexandre.

LXXII. Un jour à table, la conversation tomba sur les saisons et sur la température de l’air ; Callisthène trouvait, comme bien d’autres, que ce climat était plus froid que celui de la Grèce, et que les hivers y étaient plus rudes. Anaxarque soutenait avec obstination le contraire. « Vous ne sauriez disconvenir, lui dit Callisthène, que nous ne soyons dans un climat plus froid ; car en Grèce vous passiez l’hiver avec un simple manteau ; et ici, vous êtes couvert, même à table, de trois gros tapis. » Anaxarque fut vivement piqué de cette