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tout à coup, les ennemis fondent sur eux, les enveloppent, tuent les uns, mettent les autres en fuite, et les poursuivent jusqu’à leur camp, où ils entrent pêle-mêle avec eux. Si César et Pollion n’étaient sortis des retranchements, pour courir à leur secours et les arrêter dans leur fuite, la guerre était ce jour-là terminée. Dans une seconde rencontre, où les ennemis eurent encore l’avantage, César, voyant l’enseigne qui portait l’aigle prendre la fuite, court à lui, le saisit au cou et le force de tourner la tête, en lui disant : « C’est là qu’est l’ennemi. »

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Ces succès enflèrent tellement Scipion, qu’il résolut de risquer une bataille ; et que, laissant d’un côté Afranius, de l’autre Juba, qui campaient séparément à peu de distance de lui, il plaça son camp au-dessus d’un lac près de la ville de Thapse, et le fortifia, pour servir d’arsenal et de retraite à ses troupes. Il était occupé de ce travail, lorsque César, traversant avec une incroyable rapidité un pays marécageux et coupé de défilés, tombe sur ses soldats, prend les uns en queue, attaque les autres de front, et les met tous en fuite. De là, saisissant l’occasion et profitant de sa fortune, il prend tout d’un trait le camp d’Afranus, enlève et pille celui des Numides, d’où Juba s’était retiré. Ainsi, dans la moindre partie d’un