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les armes, leur vieillesse les faisait bientôt succomber à ces fatigues ; ils étaient trop pesants pour des travaux si pénibles, et leur courage cédait à la faiblesse de leur corps. On disait d’ailleurs qu’il régnait dans son camp une maladie contagieuse, dont la mauvaise nourriture avait été la première cause ; et ce qui était encore plus fâcheux pour César, il n’avait ni vivres ni argent, et il ne pouvait éviter de se consumer lui-même en peu de temps. Tous ces motifs déterminaient Pompée à refuser le combat. Caton était le seul qui, par le désir d’épargner le sang des citoyens, approuvât sa résolution ; il n’avait pu voir les corps des ennemis tués à la dernière action, au nombre de mille, sans verser des larmes ; et en se retirant, il se couvrit la tête de sa robe, en signe de deuil. Mais tous les autres accusaient Pompée de refuser le combat par lâcheté ; ils cherchaient à le piquer, en l’appelant Agamemnon, et roi des rois, en lui imputant de ne vouloir pas renoncer à cette autorité monarchique dont il était investi, à ce concours de tant de capitaines qui venaient dans sa tente prendre ses ordres, et dont sa vanité était flattée. Pavonius, qui cherchait à imiter la liberté de Caton dans ses paroles, déplorait, d’un ton tragique le malheur qu’on aurait encore cette année