Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

mugissement, ne permettaient pas au pilote de gouverner sa barque et de maîtriser les flots. Il ordonna donc à ses matelots de tourner la barque, et de remonter le fleuve. César ayant entendu donner cet ordre, se fait connaître, et prenant la main du pilote, fort étonné de voir là César : « Mon ami, lui dit-il, continue ta route, et risque tout sans rien craindre ; tu conduis César et sa fortune. » Les matelots, oubliant la tempête, forcent de rames et emploient tout ce qu’ils ont l’ardeur pour surmonter la violence des vagues ; mais tous leurs efforts sont inutiles. César, qui voit la barque faire eau de toutes parts, et prête à couler à fond dans l’embouchure même du fleuve, permet au pilote, avec bien du regret, de retourner sur ses pas. Il regagnait son camp, lorsque ses soldats, qui étaient sortis en foule au-devant de lui, se plaignirent avec douleur de ce que, désespérant de vaincre avec eux seuls, et se méfiant de ceux qui étaient auprès de lui, il allait, par une inquiétude injurieuse pour eux, s’exposer au plus terrible danger pour chercher les absents.

45

Antoine étant arrivé bientôt après avec les troupes de Brunduse, César, plein de confiance, présenta le combat à Pompée, qui, placé dans un poste avantageux, tirait abondamment