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troupes, épuisées de fatigue, rebutées de combattre sans relâche contre tant d’ennemis, se plaignaient de César dans leur route : « Où donc, disaient-elles, cet homme veut-il nous mener ? Quel terme mettra-t-il à nos travaux ? Ne cessera-t-il à jamais de nous traîner partout à sa suite, et de se servir de nous comme si nous avions des corps de fer ? Mais le fer même s’use par les coups dont on le frappe, les boucliers et les cuirasses ont de temps en temps besoin de repos. César, en voyant nos blessures, ne doit-il pas songer qu’il commande à des hommes mortels, et que nous souffrons tous les maux attachés à notre condition ? Un dieu lui-même peut-il, sur les mers, forcer la saison de l’hiver, des vents et des tempêtes ? Et cependant c’est dans cette saison qu’il nous expose à tous les périls de la mer ; on dirait, non qu’il poursuit des ennemis, mais qu’il fuit devant eux. » Tout occupés de leurs plaintes, ils s’acheminaient lentement vers Brunduse ; et lorsqu’en y arrivant ils trouvèrent César déjà parti, alors, changeant de langage, ils se firent à eux-mêmes les plus vifs reproches, et s’accusèrent d’avoir trahi leur général ; ils s’en prirent à leurs officiers qui n’avaient pas pressé leur marche ; et, assis au haut de la côte, ils portaient leurs regards sur la mer et vers