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de ce fleuve, il eut, dit-on, un songe affreux : il lui sembla qu’il avait avec sa mère un commerce incestueux.

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La prise d’Ariminium ouvrit, pour ainsi dire, toutes les portes de la guerre et sur terre et sur mer ; et César, en franchissant les limites de son gouvernement, parut avoir transgressé toutes les lois de Rome. Ce n’était pas seulement, comme dans les autres guerres, des hommes et des femmes qu’on voyait courir éperdus dans toute l’Italie ; les villes elles-mêmes semblaient s’être arrachées de leurs fondements pour prendre la fuite, et se transporter d’un lieu dans un autre ; Rome elle-même se trouva comme inondée d’un déluge de peuples qui s’y réfugiaient de tous les environs ; et dans une agitation, dans une tempête si violente, il n’était plus possible à aucun magistrat de la contenir par la raison ni par l’autorité ; elle fut sur le point de se détruire par ses propres mains. Ce n’était partout que des passions contraires et des ni mouvements convulsifs ; ceux mêmes qui applaudissaient à l’entreprise de César ne pouvaient se tenir tranquilles : comme ils rencontraient à chaque pas des gens qui en étaient affligés et inquiets (ce qui arrive toujours dans une grande ville), ils les insultaient avec fierté, et les menaçaient de l’avenir. Pompée, déjà assez