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vicieux, mettaient des obstacles à ses desseins, l’armée des Gaules était toute disposée à lui obéir ; qu’à peine elle aurait repassé les monts, qu’elle serait toute à lui ; tant, disaient-ils, César leur était devenu odieux par le grand nombre d’expéditions dont il les accablait ! tant la crainte qu’on avait qu’il n’aspirât à la monarchie l’avait rendu suspect ! Ces propos enflèrent tellement le cœur de Pompée qu’il négligea de faire des levées, croyant n’avoir rien à craindre, et se bornant à combattre les demandes de César par des discours et des opinions dont César s’embarrassait fort peu. On assure qu’un de ses officiers qu’il avait envoyé à Rome, et qui se tenait à la porte du conseil, ayant entendu dire que le Sénat refusait à César la continuation de ses gouvernements : « Celle-ci la lui donnera », dit-il en mettant la main sur la garde de son épée.

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Cependant César avait, dans ses demandes, toutes les apparences de la justice : il offrait de poser les armes pourvu que Pompée les quittât aussi. Devenus ainsi l’un et l’autre simples particuliers, ils attendraient les honneurs que leurs concitoyens voudraient leur décerner ; mais lui ôter son armée et laisser à Pompée la sienne, c’était, en accusant l’un d’aspirer à la tyrannie, donner à l’autre la facilité d’y parvenir.