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hommes de sa cavalerie, qui ne s’attendaient à rien moins qu’à cette attaque : ils lui envoyèrent une seconde ambassade, à dessein de le tromper encore ; mais il fit arrêter leurs députés, et marcha contre les Barbares, regardant comme une folie de se piquer de bonne foi envers des perfides qui venaient de violer l’accord qu’ils avaient fait avec lui. Canusius écrit que le sénat ayant décrété une seconde fois des sacrifices et des fêtes pour cette victoire, Caton opina qu’il fallait livrer César aux Barbares, pour détourner de dessus Rome la punition que méritait l’infraction de la trêve, et en faire retomber la malédiction sur son auteur. De cette multitude de Barbares qui avaient passé le Rhin, quatre cent mille furent taillés en pièce ; il ne s’en sauva qu’un petit nombre que recueillirent les Sicambres, nations germanique. César saisit le prétexte de satisfaire sa passion pour la gloire. Jaloux d’être le premier des Romains qui eût fait passer le Rhin à une armée, il construisit un pont sur ce fleuve, qui, ordinairement fort large, a encore plus d’étendue en cet endroit ; son courant rapide entraînait avec violence les troncs d’arbres et les pièces de bois que les Barbares y jetaient, et qui venaient frapper avec une telle impétuosité les pieux qui soutenait le pont