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eaux, par les tourbillons que les courants font dans les rivières, leur défendaient de livrer la bataille avant la nouvelle lune. César, averti de cette défense, et voyant les Barbares se tenir en repos, crut qu’il aurait bien plus d’avantage à les attaquer dans cet état de découragement, que de rester lui-même oisif et d’attendre le moment qui leur serait favorable. Il alla donc escarmoucher contre eux jusque dans leurs retranchements, et sur les collines où ils étaient campés. Cette provocation les irrita tellement que, n’écoutant plus que leur colère, ils descendirent dans la plaine pour combattre. Ils furent complètement défaits ; et César les ayant poursuivis jusqu’aux bords du Rhin, l’espace de trois cents stades, couvrit toute la plaine de morts et de dépouilles. Ariovistus, qui avait fui des premiers, passa le Rhin avec une suite peu nombreuse : il resta, dit-on, quatre-vingt mille morts sur la place.

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Après tous ces exploits, il mit ses troupes en quartier d’hiver dans le pays des Séquanais ; et lui-même, pour veiller de plus près sur ce qui se passait à Rome, il alla dans la Gaule, qui est baignée par le Pô, et qui faisait partie de son Gouvernement ; car le Rubicon sépare la Gaule cisalpine du reste de l’Italie. Pendant le séjour assez long qu’il y fit, il