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qui ne l’avaient suivi que dans l’espoir de s’enrichir et de vivre dans le luxe, redoutaient cette nouvelle guerre, les assembla, et leur dit qu’ils pouvaient quitter le service ; que, lâches et mous comme ils l’étaient, ils ne devaient pas contre leur gré s’exposer au péril. « Je n’ai besoin, ajouta-t-il, que de la dixième légion pour attaquer les Barbares, qui ne sont pas des ennemis plus redoutables que les Cimbres ; et je ne me crois pas inférieur à Marius. » La dixième légion, flattée de cette marque d’estime, lui députa quelques officiers pour lui témoigner sa reconnaissance : les autres légions désavouèrent leurs capitaines : et tous également, remplis d’ardeur et de zèle, le suivirent pendant plusieurs journées de chemin et campèrent à deux cents stades de l’ennemi. Leur arrivée rabattit beaucoup de l’audace d’Ariovistus. Loin de s’attendre à être attaqué par les Romains, il avait cru qu’ils n’oseraient pas soutenir la présence de ses troupes ; il fut donc étonné de la hardiesse de César et s’aperçut qu’elle avait jeté le trouble dans son armée. Leur ardeur fut encore plus émoussée par les prédictions de leurs prêtresses, qui, prétendant connaître l’avenir par le bruit des