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DE PLUTARQUE.

XXXVII. Les ouvrages de littérature sont pour la plupart, à ce que je crois, les premiers fruits de sa jeunesse : ce sont de ces essais par lesquels les anciens, dans la Grèce et à Rome, commençaient à éprouver leurs forces et à former leur talent. Plutarque a choisi des sujets brillans qui prêtaient à l’éloquence et ouvraient un vaste champ à son imagination. Il établit dans l’un que la grandeur des Romains a été plutôt l’ouvrage de la fortune que celui delà vertu. Dans les deux suivans, il veut au contraire montrer qu’Alexandre n’a pas dû, comme les Romains, sa grande puissance à la faveur de cette divinité, mais à sa seule vertu ; il lui prête les motifs les plus purs et les plus philosophiques dans la conquête des nations barbares : à l’en croire, ce prince était moins jaloux de les soumettre à sou empire que de les civiliser et de les acquérir à la sagesse. Dans ces trois discours Plutarque s’est trop livré à l’ardeur de sa jeunesse et au feu de son imagination ; il a trop écouté la prévention nationale, et cette pente que les Grecs avaient à s’attribuer la supériorité sur tous les autres peuples. Mais son âge doit faire excuser ses défauts : il a jugé dans la suite de ces mêmes objets d’une manière plus judicieuse et plus sensée. Son discours sur les Athéniens est encore