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VIE

trie : car, quoiqu’on ignore le genre de sa mort, il paraît, par le récit d’Artérmidore, qu’il n’avait pas renoncé au paganisme. Cet auteur, qui florissait peu de temps après Plutarque, raconte que ce philosophe crut voir Mercure qui le conduisait au ciel ; et que le lendemain, pendant son sommeil, quelqu’un lui interpréta ce songe, et lui dit qu’il serait très heureux : que monter au ciel, c’est le signe d’une grande félicité. Il tomba bientôt dans une’ maladie grave, et mourut peu de jours après. La manière dont il parle des Juifs, les interprétations absurdes qu’il donne de plusieurs rites judaïques qu’il confond avec le culte que les payens rendaient à Bacchus, les calomnies qu’il répète, après d’autres auteurs, contre un peuple dont l’origine, la religion et les usages leur étaient si peu connus, prouvent que les idées exactes qu’il avait sur la divinité n’avaient pas influé sur ses autres opinions, et qu’il était toujours resté payen, au moins dans la pratique. Cette contradiction entre les principes et la conduite n’est pas rare, même dans des philosophes. D’ailleurs il faut, pour faire profession de la vérité, lors même qu’on la connaît, d’autres secours que ceux de la raison ; mais on ne peut trop regretter l’aveuglement d’un philosophe qui, par sa gravité, ses connaissances et